RADIO(S)




Soupçons de détournements de fonds publics de trafic d’influence et de favoritisme. L’enquête judiciaire a été ouverte fin janvier 2014. Les faits datent de 2004, dans un "contexte politico-amical" 

Le palais de la glisse dans le 10ème arrondissement de Marseille
Le palais de la glisse dans le 10ème arrondissement de Marseille © JFGiorgetti

A l’origine de cette affaire, un rapport de la Chambre Régionale des Comptes Paca (CRC) sorti au cœur de l’été 2013. Ce document passe au crible les relations entre la mairie de Marseille et Marseille Aménagement, devenue la Soleam.

Cette Société d’Economie Mixte a pour principaux actionnaires la mairie de Marseille, la Métropole, la caisse des dépôts et consignations et la Caisse d’épargne. Le document met notamment en lumière, la gestion par cette SEM de la construction du Palais Omnisport de Marseille du Grand Est, le POMGE pour les initiés. Pour tout le monde, c’est le palais de la glisse de la Capelette.

Dans ce rapport, la CRC Paca pointe que Marseille Aménagement a versé une indemnité 13 fois supérieure à laquelle avait droit l’entreprise, Laser Propreté, qui louait ce terrain, soit 2 millions d’€uros. "Ce montant a été arrêté sur la base du rapport d’un expert qui a conclu de manière expéditive, à l’existence d’un bail commercial, que les parties ont ensuite conclu à titre rétroactif ", disent les magistrats de la Chambre Régionale des Comptes  "la décision de le construire a été prise sans réflexion suffisante sur sa fréquentation potentielle… et sans que la question de sa desserte ne soit résolue." 

"Un expert dont la mission n’était pas clairement définie et qui n’était pas indépendant"

Le 20 décembre 2013, le procureur financier de la CRC PACA adresse un document de 13 pages au procureur de la république de Marseille. Dans cette lettre le magistrat financier détaille le contexte et les conditions du versement des 2 millions d’€uros d’argent public à la société Laser Propreté dirigée Philippe Lasery.

"Le paiement de cette somme", explique la CRC, est basé sur "le rapport d’un expert dont la mission n’était pas clairement définie et qui n’était pas indépendant". Tout en précisant que cette transaction "n’a pas été approuvée par la Ville de Marseille…" Autre élément, la cession d’une partie du terrain, destiné à la construction du centre commercial "Bleu Capelette" à une société liée à Laser (Sifer, dirigée par Eric Lasery, frère de Philippe et actionnaire de Laser Propreté) "crée à son profit un avantage supplémentaire", précise le procureur financier de la CRC.

Le cabinet du maire de Marseille avait "une préoccupation prioritaire"

Le 30 janvier 2014, le parquet de Marseille ouvre une enquête préliminaire. Les policiers de la division économique et financière de la PJ de Marseille procèdent aux vérifications et aux auditions des différents protagonistes de cette affaire, dont les frères Lasery, Charles Boumendil, le directeur général de Marseille Aménagement, Roland Blum, adjoint au maire de Marseille et Vice-Président délégué à Marseille Aménagement, ou encore Claude Valette, adjoint à l’urbanisme.

Une patinoire et des terrains
Une patinoire et des terrains © JFGiorgetti

Il ressort des éléments de l’enquête que le cabinet du maire de Marseille avait "une préoccupation prioritaire" et "une volonté souveraine" de faire construire le Palais de la Glisse avant les élections municipales de 2008. En clair, les 2 millions d’€uros versés à la société Laser pour qu’elle quitte le terrain au plus vite et à l’amiable "sans attendre le terme de la convention ni une décision judiciaire définitive, et sans lancer de procédure d'expropriation" relèvent les enquêteurs.

Les domaines avaient estimé que l’indemnité d’éviction ne devait pas dépasser 153.200 €uros. Les policiers pointent un rapport d’expertise qualifié de "complaisant", rendu par Claude Roussel, expert immobilier, qui entretenait des relations amicales avec Charles Boumendil. Ce même expert a préconisé une indemnisation d’éviction à hauteur de 2 millions d’€uros. Au lendemain de la remise du document, les deux parties signent un protocole d’accord et la somme est versée dans les mois qui suivent.

Détournement de fonds publics

Dans les conclusions de l’enquête, rédigées en mars 2015, les policiers considèrent qu’il n’y a pas lieu à poursuivre les frères Lasery, pour la vente du terrain, sur lequel devait être construit le centre commercial "Bleu Capelette".

Juin 2015, un juge d’instruction est désigné pour mener l’enquête, qui semble stagner. Septembre 2018, un autre magistrat instructeur est désigné. En 2020, plusieurs protagonistes de cette affaire sont mis en examen dont Charles Boumendil pour notamment détournement de fonds publics. Il encourt au maximum 10 ans de prison et 1 million d’€uros d’amende. Philippe Lasery est mis en examen pour recel de détournement de fonds publics. Il encourt au maximum 5 ans de prison et 375.000 €uros d’amende.

Autoroute et déchetterie

Pour le moment, le palais de la glisse borde l’autoroute qui relie Marseille à Aubagne, d’un côté il est bordé par un terrain vague, sur lequel devait être construit le centre commercial Bleu Capelette ; le projet a été abandonné.

Un nouveau quartier devrait voir le jour mêlant des immeubles d’habitation, cinéma, hôtels et commerces. En face de l’entrée du POMGE se trouve une déchetterie et un centre de transfert de déchets. Voilà pour le décor.

Champions de France

Hors champ judiciaire, sur la glace de la patinoire, de Marseille, évoluent, les hockeyeurs du Spartiates de Marseille. Le week-end dernier, ils sont devenus champions de France de D1. C’est le premier trophée de l’histoire du club créé en 2012.

 

Poursuivre votre lecture sur ces sujets
justice société police sécurité
Source de l'article : https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/enquete-sous-la-glace-du-palais-de-la-glisse-de-marseille-2068987.html
Partager