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Dans la vallée de la Roya aussi, les écoles et collèges ont fermé ce 2 avril. Si le système de cours à distance semble mieux rodé que lors du confinement de mars 2020, cette nouvelle décision est une épreuve de plus pour ces élèves qui tentent de reprendre une vie normale après la tempête Alex.

Florisa Casalle donne un cours d'histoire-géographie à une classe de Cinquième du collège Jean-Baptiste Rusca (Saint-Dalmas-de-Tende, Alpes-Maritimes), le 12 février 2021.
Florisa Casalle donne un cours d'histoire-géographie à une classe de Cinquième du collège Jean-Baptiste Rusca (Saint-Dalmas-de-Tende, Alpes-Maritimes), le 12 février 2021. © L.B./FTV

Au collège Jean-Baptiste Rusca de Saint-Dalmas-de-Tende dans les Alpes-Maritimes, il y avait un peu d'excitation ce vendredi 2 avril parmi les 67 élèves de l'établissement. "Ils étaient un peu plus énervés que d'habitude, comme une veille de vacances", dit Florisa Casale, professeure d'histoire-géographie.

Mais cette période de cours à distance et de vacances n'est pas pour autant synonyme de sérénité.

Certains élèves sont inquiets, notamment les Sixièmes. Ils se demandent comment le travail va s'organiser.

Florisa Casale, professeure

Pour "rassurer" ses élèves, elle a pris le temps d'expliquer le programme des semaines à venir : une semaine de cours à distance, deux semaines de vacances et de nouveau une semaine en distanciel. "J'ai distribué les activités qu'on allait faire, détaillé comment on allait travailler." Chaque classe aura un cours en visio d'une heure avec elle la semaine prochaine, au lieu de trois cours d'une heure en temps normal.

"Nous sommes plus sereins que l'an dernier", reconnaît Jean-Marc Mion, le principal du collège tendasque. "L'an dernier, les élèves ont été submergés par le travail que nous leur avions donné à faire. On a depuis réajusté nos attentes et le fait d'avoir un calendrier de reprise précis nous facilite beaucoup le travail."

Ordinateurs et clefs 4G

Ces semaines à distance se feront grâce à Pronote, la plateforme numérique nationale sur laquelle chacun (élèves, parents, enseignants...) se connecte avec un identifiant personnel. "On s'est assuré que tout le monde pourra accéder aux outils numériques la semaine prochaine depuis chez lui."

Jean-Marc Mion, le principal du collège Jean-Baptiste Rusca de Saint-Dalmas-de-Tende, dans la Vallée de la Roya (Alpes-Maritimes).
Jean-Marc Mion, le principal du collège Jean-Baptiste Rusca de Saint-Dalmas-de-Tende, dans la Vallée de la Roya (Alpes-Maritimes). © Loïc BLACHE/FTV

En plus des tablettes distribuées en début d'année scolaire par le département des Alpes-Maritimes, le collège tendasque a également reçu du rectorat 40 ordinateurs portables avec clef 4G.

Cela nous a permis d'équiper 25 élèves qui ont des problèmes numériques ou ont perdu du matériel suite à la tempête Alex.

Jean-Marc Mion, principal du collège J.-B. Rusca de Saint-Dalmas-de-Tende

Garder l'attention

Ne restera plus qu'à trouver la concentration. "Il faudra partager l'espace entre la maman en télétravail, la grande sœur qui doit préparer son Bac et les cours de la petite soeur", anticipe Carole Tosello, une parent d'élève de Tende. "Et être derrière les enfants quand elles ont des difficultés..."

Florisa Casale aussi le reconnaît : capter l'attention des élèves pendant un cours en visio n'est pas toujours évident. "Il manque le rapport humain et c'est parfois compliqué pour eux de travailler tout seul. Pendant le premier confinement, même des élèves très sérieux ont décroché sur la fin."

D'autant que, pour les Troisièmes, le programme du brevet est "extrêmement chargé". "On est en retard, comme tous les professeurs", reconnaît l'enseignante d'histoire-géographie.

Garde d'enfants

Bastien, lui, est en Sixième. Au quotidien, il doit jongler avec les horaires des convois pour rallier Fontan, où il habite, à son collège de Saint-Dalmas-de-Tende. Même si sa maman est infirmière (elle fait donc partie des professions prioritaires pour bénéficier d'une prise en charge des enfants), il ne retournera pas au collège mardi prochain.

Il est hors de question que je demande au collège de le garder car je ne vais pas le faire remonter à Tende chaque jour pour qu'il soit tout seul dans le collège, alors il se gardera tout seul à la maison.

Isabelle Leonardi, maman de Bastien

"Ca demande une organisation entre ma femme, moi et ma mère qui habite aussi ici", poursuit Mathieu Granella, papa brigasque de deux filles de 3 et 4 ans.

À l'école de La Brigue, les gestes barrières et les règles sanitaires sont respectés. La semaine prochaine, on prévoit de faire des tours de garde avec les autres parents. Pour les enfants, ce seront les mêmes conditions qu'à l'école. Je ne comprends pas cette nouvelle mesure.

Mathieu Granella, parent d'élève brigasque

Zone isolée

Dans la vallée du Cairos (Saorge), Colline est en Troisième à Breil-sur-Roya et Emilie, sa petite soeur, en classe de CM2 à Fontan. Pour leurs parents, agriculteurs, la garde des enfants est un vrai casse-tête car, en ce moment, c'est la période de mise-bas pour leur troupeau de 700 brebis. Mais leur exploitation est à "1 heure en voiture via une mauvaise piste" de la maison familiale, explique Claire Giordan, la maman, "et, sur place, Internet ne fonctionne qu'avec un partage de connexion avec le téléphone portable".

Alors Colline devra aussi garder sa petite soeur, pendant que ses parents s'occuperont des animaux. "Lors du confinement de mars 2020, Colline a été pénalisée parce qu'elle ne pouvait pas faire toutes les visios. C'est difficile d'expliquer qu'on est en zone isolée et qu'on n'a pas forcément internet. Cette année, elle a le brevet et ils sont très en retard sur les cours."

Ces nouvelles mesures "repénalisent" des enfants qui essaient "de reprendre une vie à peu près normale après la tempête Alex", conclut Isabelle Leonardi.

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Source de l'article : https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/menton/confinement-dans-les-vallees-ca-penalise-des-enfants-qui-essaient-de-reprendre-une-vie-normale-2028226.html
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